Un pas en avant pour la RNT en France… enfin !
Dans un article des Echos du jour, nous apprenons, par l’intermédiaire du journaliste médias Grégoire Poussièlgue, que le CSA pourrait (enfin) demander au Gouvernement d’adjoindre la norme DAB+ à la norme déjà choisie en 2007 par Christine Albanel : le T-DMB.
Ouf. Un peu d’air, on respire. L’arrêté signé par Christine Albanel le 5 décembre 2007 imposant comme norme unique de diffusion numérique hertzienne le T-DMB a bien failli signer la mort de la RNT en France. Mauvaise influence ou incompétence ? C’est en tous cas avec précipitation qu’avait été choisie cette norme coûteuse et gourmande pour le plus grand plaisir de grands groupes nationaux qui n’ont jamais caché le peu d’enthousiasme qu’ils ont à envisager la radio numérique terrestre.
Depuis, rien n’avance. D’expérimentations en démonstrations, de rapports en moratoires,… le dossier stagne et le secteur de la radiodiffusion a bien compris qu’il ne fallait pas compter sur l’actuel ministre de la Culture pour daigner s’y intéresser.
Un peu d’espoir ?
Aujourd’hui l’espoir vient de multiples parts. Du CSA, où Rachid Arhab a repris la main sur le dossier depuis quelques mois, avec la ferme intention de faire bouger les lignes avant la fin de son mandat. Des industriels aussi, que l’attentisme national fragilise et pénalise énormément sur un marché aujourd’hui mondial. De la grande majorité du secteur de la radiodiffusion française enfin, qui a fini par admettre qu’il était effectivement important de migrer rapidement sur la RNT d’une part et qu’ils avaient effectivement soutenu le choix d’une norme qui n’était pas la bonne d’autre part.
Alors voilà, on y est : le DAB+ pourrait être autorisé en France. Toujours selon l’article de Grégoire Poussièlgue « Le sujet a été évoqué cette semaine au CSA et pourrait prendre très prochainement une tournure plus formelle : une demande pourrait être déposée auprès du ministre de l’Industrie, qui définit les normes, pour en fixer une nouvelle.« .
Révolution ? A un détail prêt. On est loin de pouvoir parler de « nouvelle » norme. Pour mémoire, et certainement avec quelques relans de chauvinisme assumé, depuis 2007, 6 radios associatives nantaises expérimentent le DAB+ et interpellent qui veut bien les écouter sur le sujet.
Et c’est vrai, ils n’étaient pas nombreux à l’époque (qui n’est pas si lointaine) à prêter attention à nos discours. Nous sommes pourtant les seuls à ne pas en avoir changé entre-temps.
Quand nous militions en faveur d’un lancement rapide de la RNT, on nous disait trop en avance sur nos voisins européens. Aujourd’hui nous sommes en retard.
Quand nous militions en faveur du DAB+ après avoir expérimenté les différentes normes en débat, on nous répondait que les compétences n’étaient pas chez nous et qu’il valait mieux suivre le point de vue des grands groupes. Quatre ans, quasiment jour pour jour, après l’adoption de la norme préconisée par ces mêmes grands groupes, nous sommes au moins certains de savoir où elles ne se trouvent pas non plus les compétences…
La RNT, un choix politique que personne n’ose faire…
Depuis 2007, on ne peut pas dire que ce dossier, pourtant éminemment politique, ai suscité un quelconque intérêt de la part de nos élus nationaux, tant à droite qu’à gauche. Les différents ministres et secrétaires d’Etat ayant eu à réfléchir à la chose ont tout au mieux laissé faire, ou au pire bloqué le dossier, préférant pratiquer la politique de l’autruche plutôt que de faire leur métier : écouter, analyser, décider.
Rendons néanmoins à César ce qui lui revient : le seul à avoir saisi les enjeux du dossier et à s’être impliqué personnellement sur le sujet est Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes. Dès 2007, Radio Actu relayait la mise en garde adressée par le Président du groupe PS à l’Assemblée Nationale à l’attention de Christine Albanel et de Michel Boyon, relative au choix de la fameuse norme de diffusion. En 2009 encore, nouvelle intervention du député-maire de Nantes auprès de Frédéric Mittérand, fraichement nommé à la Culture, nouvelle interpellation restée sans réponse. Et même à gauche, la soudaine prise de position de Jean-Marc Ayrault n’était pas du goût de tout le monde, au mieux, elle désintéressait. Pour preuve, nous apprenons à nouveau ce matin, via le site d’actualité médias, Satmag, que le « spécialiste » des questions médias du PS, le député Patrick Bloche, découvrait cette semaine les dessous du dossier. Depuis 2008, nous avons pourtant sollicité une rencontre avec lui, au moins une dizaine de fois, jusqu’à ce jour aucune n’a aboutit…
Aucune rancoeur. Avec la prochaine annonce que pourrait faire le CSA, les cartes sont rebattues. Espérons qu’à l’aube des prochaines élections présidentielles nos candidats se démarquent… et prennent enfin position.