La RNT lancée en Loire-Atlantique
Lundi 30 janvier, la radio numérique était officiellement lancée en Loire-Atlantique. Initiée par le GRAM (Groupement des radios associatives de la Métropole Nantaise) qui l’expérimente à Nantes depuis 2007, la RNT est désormais accessible à tous les habitants équipés de postes numériques. Les 6 radios associatives locales (AlterNantes, Euradio, Jet FM, Prun’ et SUN) ainsi que 7 autres radios nationales (Crooner, FG Dj Radio, France Maghreb 2, Nova, OUI FM, rfi et TSF Jazz) sont diffusées sur ce bouquet.
Pour Pierre Boucard, directeur de SUN et responsable numérique du GRAM, la RNT arrive au moment où « la FM est saturée ». Bénéfice direct pour les auditeurs, la RNT va permettre l’arrivée de nouvelles stations, avec un son de meilleure qualité, de manière gratuite et anonyme. Ce que ne permet pas la radio par internet (aussi appellée radio par IP) qui impose de passer par des réseaux IP, et qui laisse entre les mains d’opérateurs privés le pouvoir de faire apparaitre ou disparaitre arbitrairement les éditeurs dans leurs bouquets. Avec la RNT, c’est le CSA, organisme public et indépendant, qui répartira équitablement les stations comme il le fait actuellement.
L’intervention de Pierre Boucard :
Une chose est certaine, l’arrivée de la RNT dans les zones urbaines moyennes a un avantage certain. A Saint-Nazaire, Eric Provost, l’adjoint à la Mairie de Saint Nazaire à la culture et l’attractivité, voit déjà ses bénéfices. « A Saint-Nazaire, il y a 25 radios sur la bande FM (24, ndr) et une seule radio associative ( La Tribu, ndr). Sur les radios associatives, il y a une notion de lien avec la population, d’ancrage territorial qui, pour l’instant, est insuffisant à Saint-Nazaire. » Aujourd’hui, Saint-Nazaire compte 11 stations supplémentaires sur la RNT.
L’intervention d’Eric Provost :
L’inégalité de l’accès à la diversité culturelle selon les territoires reste un problème majeur pour le Conseil Général de Loire-Atlantique. Gérard Allard, vice-président du Conseil Général, voit donc dans cette démonstration « un plus pour la démocratie et l’expression citoyenne ». « Sur le département, certains territoires ont du mal à capter la FM, et vont passer d’une ou deux à plus d’une dizaine de radios ». Le Conseil Général se réjouit donc de ce « projet collectif et cohérent qui va permettre d’équilibrer le territoire du point de vue de l’accès aux médias ».
L’intervention de Gérard Allard :
Si les bénéfices pour les auditeurs sont certains, il reste que le passage à la radio numérique soulève des questions de la part de radios, qui devront assurer une double diffusion en FM et en RNT durant quelques années de transition. Chloé le Bail, vice-présidente du Conseil Régional des Pays de la Loire, a souligné l’importance d’un « accompagnement public » pour aider les radios associatives à passer le cap de la RNT et appelle l’ensemble des collectivités à la concertation pour faciliter le passage à la RNT.
L’intervention de Chloé le Bail :
De gauche à droite: Eric Provost, Chloé Le Bail, Loïc Chusseau et Gérard Allard.
Loïc Chusseau, président de la FRAP (Fédération des Radios Associatives en Pays de la Loire), a tenu à souligner la volonté de la fédération « d’accompagner les radios sur des projets pilotes, notamment sur la question de la radio numérique ». Pour Loïc Chusseau, la réponse tient tant dans la mutualisation des moyens pour les radios associatives que dans un accompagnement des institutions pour les aider à réaliser pleinement leur mission de proximité. Il espère pouvoir déployer cela au niveau régional, tout en réfléchissant à toutes les configurations possibles, notamment pour les radios rurales.
L’intervention de Loïc Chusseau :
Si les radios associatives sont déjà lancées dans la course, qu’en est-il des radios commerciales ?
Tarek Mami est Président de France Maghreb 2, une radio présente sur le bouquet numérique du GRAM, et accessoirement secrétaire du SIRTI (Syndicat Interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes). Nouvel arrivant dans le paysage radiophonique, France Maghreb 2 compte bien sur la RNT pour pallier à la raréfaction des fréquences FM et s’implanter dans de nombreuses villes de France. Tarek Mami croit en la radio numérique et le fait savoir: « Nous ne sommes plus dans une expérimentation, mais dans une démonstration de quelque chose qui marche ». Seulement, il regrette que les choses n’avancent pas plus vite.
L’intervention de Tarek Mami :
Retour en arrière.
En 2007, Christine Albanel, alors Ministre de la Culture signait un arrêté signal lançant officiellement la RNT avec une norme inutilisée en Europe, couteuse et peu adaptée à la radio, le T-DMB. A Nantes, le GRAM décide alors de tester toutes les normes et retient, comme tous les pays européens, le DAB +. Aujourd’hui, tous les acteurs semblent s’accorder sur cette norme et demandent de l’ajouter à l’arrêté signal. C’est le cas notamment de nombreux industriels et fabricants qui attendent le feu vert de l’Etat pour lancer la commercialisation de produits. Stella Morabito, secrétaire générale du SECIMAVI, Syndicat des entreprises de commerce international de matériel audio vidéo et informatique, témoigne en ce sens : « Nous sommes prêts à démarrer et à mettre à disposition des consommateurs des postes qui existent déjà ». Néanmoins, dans un soucis d’harmonisation européenne, Stella Morabito a appelé de ses vœux à une diffusion multinormes. « Evitons de créer une exception française, comme ce fut le cas pour le SECAM ».
L’intervention de Stella Morabito :
Même discours chez PSA Peugeot-Citroën. Jérôme Tiphène, responsable validation radiofréquences, témoigne de cette attente. « Chez PSA, la RNT n’est pas un sujet nouveau. On a expérimenté avec succès l’écoute en mobilité, et notamment le décrochage local, on espère que le déploiement de la RNT va se poursuivre comme chez les pays européens. Nous attendons le feu vert ».
L’intervention de Jérôme Tiphène :
L’ensemble du secteur semble donc d’accord pour lancer la radio numérique au plus vite. Pour Emmanuel Boutterin, président du Syndicat National des Radios Libres, « il y a une attente des auditeurs et auditrices de ce pays, attentes pour plus d’indépendance et plus de local ». « On est en à un moment historique » renchérit-il, avant d’accuser le Bureau de la radio (NRJ group, Lagardère active, RTL Group, Next Radio, ndr) de ralentir le dossier, par peur de devoir partager leurs parts de marché avec des radios accédant à un même niveau technique. Emmanuel Boutterin appelle le gouvernement à « une volonté politique en faveur de l’innovation, et(…) du courage pour imposer la RNT et son modèle nantais ».
L’intervention d’Emmanuel Boutterin:
Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, a soutenu depuis 2006 le développement de la RNT. En tant que conseiller spécial du candidat François Hollande, il a estimé que la RNT n’était pas dans les priorités d’un programme présidentiel, même si « la RNT a un énorme potentiel ». S’il ne s’est pas prononcé quant au développement futur de la RNT, il a laissé entendre que François Hollande ne pourrait « renoncer à ce qui a été précurseur en France », et qu’il resterait attaché à la question des radios libres comme le fut François Mitterrand. « Ce serait dommage que la France se mette à l’écart d’un mouvement qui se développe dans le reste de l’Europe, d’autant que l’expérience de Loire-Atlantique est convaincante ».
L’intervention de Jean-Marc Ayrault :
Dans ce consensus général, Rachid Arhab, membre du CSA a fait part de son enthousiasme pour la RNT, qui devrait permettre aux « 30% des Français [qui] reçoivent moins de 10 radios » d’accéder à une offre pluraliste. Il déplore toutefois un certain nombre de blocages, qui, depuis 5 ans, freinent le dossier. « Bizarrement, celles et ceux qui ont lancé le chantier, ont changé complètement », déplore-t-il. Il a cependant tenu à rappeler son attachement au déploiement de la radio numérique « inscrit dans la loi » et pour lequel il est missionné. « Je crois fortement à la radio numérique terrestre. Est-ce qu’on imagine que demain, la radio sera le seul média non numérisé ? »
L’intervention de Rachid Arhab :
Il semblerait que la réponse appartienne au gouvernement.
Davantage de renseignements sur la radio numérique terrestre en Loire-Atlantique sur le www.rntnantes.fr