Le 11 mai dernier, la loi sur les soins ambulatoires en psychiatrie a été voté par le Sénat. Cette loi change les paradigmes du soin psychiatrique sur plusieurs aspects en France.
Tout d’abord, parce qu’elle permet la mise en place de soins sous contraintes aux domiciles des patients et ce, sans durée de limite dans le temps. Ensuite, parce qu’elle place ces soins sous contraintes sous l’autorité du juge et non plus juste sous l’autorité du psychiatre.
La plupart des syndicats de psychiatres dont le collectif des 39, l’Union Syndicale de la Psychiatrie et la confédération Croix Marine se sont opposées à ce projet de loi en arguant qu’il confondait maladie mentale et délinquance et qu’il imposait aux patients des traitements sur lesquels ils n’auraient aucun pouvoir de décision.
Les défenseurs de cette loi parmi lesquels l’Unafam, une association de défense des familles de personnes ayant un trouble psychique, affirment que les personnes présentant ce type de pathologies ne se rendent pas compte de leur états et nécessitent un traitement obligatoire ambulatoire (en dehors de l’hôpital).
Les psychiatres luttant contre ce projet de loi, affirment pour leur part, que des mesures de contraintes plus strictes que celles existant actuellement (les soins sous contraintes sont déjà possible à l’hôpital psychiatrique mais pour un temps limité) ne feront que brouiller les relations entre médecins et malades, incitant ceux-ci à se méfier des premiers et pouvant mener à des fuites des patients en dehors de leurs domiciles, ce qui pourrait engendrer un risque élevé de clochardisation.
Des associations d’usagers des services psychiatriques comme « Radio Citron » à Paris, lutte contre ce projet de loi soulignant que celui ci a été évoqué dès 2005 suite à un fait divers sanglant mettant en cause une personne atteinte de schizophrénie à Pau (une maladie caractérisé par une perte de contact avec la réalité et non pas un dédoublement de la personnalité).
Les membres du collectif des 39, des professionnels de la santé mentales fermement opposés à ce projet de loi, affirment de leur coté que ce genre de fait divers est rare, les malades mentaux ne commettant pas plus de crimes selon les statistiques existantes.
Eclairages sur la question menés par Julie Gosselin pour Prun’.
Photo: Philippe Leroyer sur Flickr