Euradionantes nous présente son album européen de la semaine avec une interview de Yan Wagner qui vient pour parler de son nouvel album « This never appened« .
On se souvient encore de son apparition sur l’air de Recession Song (2010), un titre toujours en
phase avec l’époque. Yan Wagner, un beau patronyme qui s’imprime instantanément et un
visage de brun ombrageux qui ne s’oublie pas. D’emblée, ce chanteur de pop électronique à la
voix blanche et à la culture technoïde dépareille dans le paysage hexagonal. Pionnier de la
french touch, Arnaud Rebotini ne s’y trompe pas et produit le premier album du FrancoAméricain.
Avec brio et syncrétisme, Forty Eight Hours (Pschent, 2012) rassemble un large
spectre de références musicales et de réminiscences adolescentes : Kraftwerk, DJ Hell,
Underground Resistance, Depeche Mode…
Déjà, Yan Wagner fait entendre son art du contrepied, notamment avec un slow atypique – Le
Spleen de l’officier, le morceau fétiche de son auteur – et un duo bilingue en compagnie
d’Étienne Daho. Succès critique et intérêt public suivent. Parallèlement, le jeune trentenaire
multiplie les collaborations (la bande originale du court-métrage Victoria de Mathilde Marc)
autant que les rencontres (comme Calypso Valois, dont il produira le premier album), les
featurings inspirés (dont La Mverte, signé chez Her Majesty’s Ship, son futur label) que les
remixes bigarrés. Sans oublier son side project electro The Populists (deux maxis en 2014 et
2015). Électron libre et audacieux de la scène française, Yan Wagner empile les dates
prestigieuses aux Inrocks Festival, au Montreux Jazz Festival ou encore aux Vieilles Charrues.
Les mois passent et la question du second LP revient sur la table. Que faire ? Enfoncer le clou
électronique de Forty Eight Hours ou surprendre son auditoire avec une collection de ballades ?
Car dans sa nouvelle cabine d’enregistrement à Pantin, le producteur se rêve… crooner. Scott
Walker, Lee Hazlewood (dont il reprend Some Velvet Morning) et Frank Sinatra (il s’essaie à une
cover de It Was A Very Good Year) tournent en boucle sur la platine. Entre interrogations
artistiques et démarchages infructueux, Yan Wagner balance entre doutes et découragement.
Au sortir d’un rêve tenace, il tient enfin son titre d’album : This Never Happened. La parole à
l’intéressé.
« This Never Happened est d’abord la douce injonction, le murmure du crooner, la confidence
glissée au creux de l’oreille. C’est aussi la disparition, la mélancolie romantique, la chose
disparue que l’on se refuse à oublier. Enfin, c’est un contexte dans lequel les images et les
témoignages, jamais aussi nombreux et archivés qu’aujourd’hui, asservissent les notions de
“faits” et de “vérité” aux interprétations, aux opinions et aux sensibilités. »
Voilà pour la note d’intention et la source d’inspiration conceptuelle. Au contraire du disque précédent, Yan Wagner choisit de produire lui-même This Never Happened. Avec un triple objectif : privilégier les premières prises, la chaleur du son et réduire la post-production. Si les synthés analogiques et une boîte à rythmes se taillent toujours la part du lion, le choix de l’expérimenté Jean-Louis Piérot (Bashung, Daho) au mixage en dit long sur cette volonté de « sortir de la techno ». Comme en témoigne superbement le premier extrait No Love, porté par cette voix magnétique croisant David Sylvian et Dave Gahan. Dans un autre registre, plus bowiesque, SlamDunk Cha-Cha fait monter la température sur le dancefloor. Ainsi va ce second album de Yan Wagner, oscillant entre ballades contemplatives et tubes moites. « Les chansons du disque sont une série de mensonges, des vues de l’esprit. This Never Happened est un recueil d’histoires qui ne sont jamais arrivées. Neuf pistes comme autant de fausses pistes parlant d’amours vains, d’équipées nocturnes, de la vie et de la vérité qui ne tiennent qu’à un fil. » Avec le brillant, varié et surprenant This Never Happened – à paraître le 1er septembre chez Her Majesty’s Ship / [PIAS], sous couvert d’une pochette signée H5 –, Yan Wagner sera l’une des têtes d’affiche de la rentrée 2017.