A tous les mordus d’Histoire, l’exposition « La Soie et le Canon » du Château des ducs de Bretagne est faîte pour vous ! Une immersion totale au cœur des relations franco-chinoises au 18e et 19e siècle.
L’aventure débute en 1700 lorsque l’Amphitrite, le premier navire français à commercer avec la Chine, débarque à Lorient. Dès lors, une partie de sa cargaison est vendue sur les quais du port de Nantes. Thé, soie, porcelaine, nacre, ivoire, panneaux laqués sont alors les principaux objets de convoitise. Très vite, les expéditions commerciales françaises et européennes se multiplient en direction de la Chine. Le parcours est long : les navigateurs longent l’Afrique, passent le Cap de Bonne Espérance, les côtes de l’Inde, Ceylan, la mer de Chine, pour arriver enfin à Canton. Le 18ème est ainsi le siècle d’une profonde admiration européenne pour « l’Empire du Milieu »…
Seulement, la passion céda vite sa place à l’envie. Le 19e siècle marquera une rupture. Si la Chine domine jusqu’en 1820, la mainmise des Occidentaux sur le commerce chinois opère à un retournement de situation. Deux grandes guerres éclateront au cours du siècle. L’objet du conflit en sera l’opium. Interdit par les autorités chinoises, il est introduit clandestinement par les Britanniques. Faute d’argent, ils l’utilisent à des fins commerciales. En effet, l’opium est leur alternative pour l’achat du thé, dont la demande en Angleterre accrue. La tension monte. En 1860, c’est le coup de grâce : le Palais d’Eté de Pékin est mis à sac par les Britanniques et les Français. « En élément de comparaison, l’équivalent en France aurait été le pillage, dans un même temps, du Musée du Louvre, de Versailles et de la Bibliothèque Nationale de France » nous confesse Bertrand Guillet, commissaire de l’exposition et directeur-adjoint du château des ducs de Bretagne de Nantes. Ainsi, l’humiliation qu’ont connue les Chinois est considérable. Aujourd’hui, les objets de valeurs pillés sont toujours un facteur de revendication de la part du gouvernement.
Une histoire passionnelle faite de rencontres et de conflits, d’attirance et de répulsion, au cours de laquelle l’Europe est passée de sinophile à sinophobe.
Visites 7 jours/7 de 10h à 19h. Pour tous autres renseignements, www.chateau-nantes.fr.
Eugénie Cohen